Le témoignage de trois mamans Françaises
Marion, 46 ans
Comment avez-vous vécu le suivi médical de votre grossesse ? Avez-vous l’impression d’avoir été bien accompagnée ?
J’ai accouché en septembre 2000, donc je ne sais pas si mon expérience est représentative de la réalité médicale d’aujourd’hui. Cependant j’ai reçu un bon suivi médical dans l’ensemble malgré le manque de tact des médecins spécialisés qui ne communiquaient pas assez à mon goût ainsi qu’une gynécologue très moralisatrice sur la façon que j’avais de gérer ma grossesse et ma prise de poids.
Comment se sont déroulés les premiers mois suivant l’accouchement ? Est-ce que cela a été difficile de reprendre le travail ?
J’ai repris le travail onze mois après mon premier accouchement, ce qui m’a donné la chance de profiter pleinement de l’arrivée de ma fille. Je devais reprendre plus tôt, cependant mon ex-mari s’est fait muter pendant la même période alors j’ai touché le chômage le temps de retrouver un emploi sur place. Pour ma deuxième fille quatre ans plus tard, j’avais bénéficié d’un congé allaitement de trois mois payés à 100% par mon entreprise.
Avez-vous déjà ressenti une pression/culpabilisation sociale concernant votre maternité, que ce soit dans la volonté d’avoir des enfants, de la façon de les éduquer ou de prioriser votre carrière professionnelle ?
Lorsque je me suis séparée du papa de mes enfants, j’ai eu beaucoup de mal à obtenir un temps-partiel pour pouvoir davantage m’occuper de mes filles de respectivement 4 ans et 10 mois. Je me souviens que mon employeur n’était pas ravi, mais j’avais obtenu de travailler à 80%.
J’ai divorcé en 2005, un temps où ce n’était pas aussi courant qu’aujourd’hui et j’ai beaucoup subi les inquiétudes de ma famille quant au fait de me retrouver seule à élever deux enfants. Rien de malveillant, mais je pense qu’on ne m’en croyait pas capable. Il faut dire que c’est beaucoup de boulot. Sinon quand mes filles ont grandi et qu’elles ont traversé la crise d’adolescence, quand j’en parlais autour de moi, on me reprochait de ne pas être assez ferme, qu’elles manquaient d’une présence masculine et d’une certaine forme d’autorité et je me sentais coupable pour ça parce que j’avais l’impression que c’était ma faute alors que c’était moi le parent présent, celui qui devait tout gérer toute seule ; le travail, les disputes avec mes enfants, les finances, la cuisine et tous les problèmes quotidiens.
Avez-vous l’impression d’avoir éduqué vos enfants de la même manière que vos parents vous ont-éduqué ?
Non ! On fait tous comme on peut… Moi je considère avoir eu beaucoup de chance d’être élevée par une maman qui a fait le choix de rester à la maison, j’en aurais probablement fait tout autant sans la séparation avec le papa parce que j’aimais être maman, cependant j’ai été obligée de me construire une carrière professionnelle pour subvenir aux besoins de ma famille. Bien que je sois très contente que cela se soit passé comme ça puisque j’estime désormais avoir une vie professionnelle très épanouissante, j’ai conscience que cela m’a enlevé des moments avec mes enfants.
Pensez-vous que la femme moderne est toujours associée à la maternité malgré les évolutions qui existent ?
Absolument pas. Quand on parle des femmes, que ce soit dans les médias ou avec mon entourage, j’ai l’impression qu’on aborde tout un tas d’autres sujets. C’est important que la femme ne soit pas définie que par son rôle de mère. D’ailleurs, je vois bien que les priorités ont changé pour les jeunes filles. J’ai eu mon premier enfant à l’âge de 23 ans, ce qui est l’âge de mon aînée. Les femmes font davantage d’études et sont plus indépendantes. En général, elles ne parlent pas d’avoir des enfants avant la trentaine, quand elles possèdent une situation déjà stable et propice.
Quel est votre opinion sur l’avortement ?
Je suis pour l’avortement et pour le fait qu’une femme ait le choix ou non de mener à terme une grossesse afin d’avoir un enfant ou pas. Il est à mon avis préférable dans certains cas d’avorter plutôt que de garder un bébé si la situation ne le permet pas.
Avez-vous l’impression de partager la même charge mentale que votre conjoint au quotidien ?
Pas du tout ! Le quotidien, le linge, les courses, les repas, la gestion des enfants… En ce qui me concerne, ça a toujours reposé sur ma seule responsabilité.
Comment avez-vous vécu le suivi médical de votre grossesse ? Avez-vous l’impression d’avoir été bien accompagnée ?
Oui, j’ai vécu un très bon suivi et accompagnement tout au long de mes grossesses. Qu’il s’agisse des médecins ou des sage-femmes, tout le monde a été très gentil et explicatif quand je ne comprenais pas ou que je stressais.
Comment se sont déroulés les premiers mois suivant l’accouchement ? Est-ce que cela a été difficile de reprendre le travail ?
Les premiers mois suivants l’accouchement ont été compliqués émotionnellement. Ce que je trouve dommage c’est que cette phase soit encore trop incomprise des autres. On se sent coupable parce qu’on a l’impression d’abandonner notre enfant, mais j’avais aussi envie de retrouver ma vie sociale. Pour ma part il n’a pas été compliqué de reprendre le travail car j’ai eu la chance de pouvoir bénéficier d’avantages avec mon entreprise et de pouvoir reprendre le travail plusieurs mois après la naissance de mes enfants.
Avez-vous déjà ressenti une pression/culpabilisation sociale concernant votre maternité, que ce soit dans la volonté d’avoir des enfants, de la façon de les éduquer ou de prioriser votre carrière professionnelle ?
La pression sociale ne se fait pas tant sur le fait d’avoir des enfants ou de prioriser sa carrière professionnelle mais plutôt sur l’éducation. Tout le monde y va de son conseil, de sa remarque. Aujourd’hui les enfants sont plus « agités » car ce n’est pas la même génération mais aussi parce que les parents ont moins le temps et/ou prennent moins le temps pour eux. Il y a également tous les textes, livres qui donnent la ligne de conduite pour éduquer les enfants. Il y a les parents qui sont contre les punitions, ceux qui sont pour, il y a ceux de l’éducation positive. Je pense que, peu importe l’éducation que l’on donne à nos enfants, il y aura toujours de la pression et des gens pour vous faire culpabiliser alors le mieux est d’élever ses enfants comme on le souhaite sans se soucier des autres.
Avez-vous l’impression d’avoir éduqué vos enfants de la même manière que vos parents vous ont-éduqué ?
Selon moi l’éducation donnée aux enfants est forcément similaire à celle que l’on a reçu
Pensez-vous que la femme moderne est toujours associé à la maternité malgré les évolutions qui
existent ?
La notion de femme moderne dépend de la vision des hommes sur les femmes. Pour certains hommes le rôle premier de la femme est d’enfanter alors que d’autres hommes nous considère comme leur égal.
Quel est votre opinion sur l’avortement ?
Je suis pour l’avortement et pour que la femme puisse disposer de son corps comme elle l'entende, peut importe ses raisons.
Avez-vous l’impression de partager la même charge mentale que votre conjoint au quotidien ?
Je ne pense pas avoir la même charge mentale que mon conjoint car je suis plus dans le détail que lui. Il fait attention à ce qu’il fait et prend soin des autres et des objets mais il ne va pas autant dans le détail que moi. Les hommes se reposent en général plus sur les femmes pour toute la partie gestion des enfants et de la maison.
Comment avez-vous vécu le suivi médical de votre grossesse ? Avez-vous l’impression d’avoir été bien accompagnée ?
Je ne me suis pas spécialement sentie accompagnée, ou du moins, on ne me tenait pas assez au courant. La date de mon accouchement a été retardée, visiblement c’était à prévoir mais personne ne m’en avait parlé avant que la date officielle soit dépassée. Je ne savais pas ce que cela voulait dire, les conséquences éventuelles pour le bébé ou comment le processus allait devoir se dérouler. Ma fille possédait une malformation quand elle est née, même si ça s’est avéré ne pas être grave, je ne trouve pas qu’on nous ait assez rassuré.
Comment se sont déroulés les premiers mois suivant l’accouchement ? Est-ce que cela a été difficile de reprendre le travail ?
La reprise de travail a été très difficile, pas de retour progressif - d’une part pour trouver la solution du mode de garde (pas de crèche) mais aussi pour gérer ses émotions (laisser le bébé entre les mains d’un inconnu), et finalement pour trouver l’organisation à mettre en place.
Professionnellement je n’ai pas eu d’autres choix que de démissionner pour m’octroyer 5 mois après l’accouchement, j’ai réintégré mon travail après ces 5 mois au même poste et dans les mêmes conditions.
Avez-vous déjà ressenti une pression/culpabilisation sociale concernant votre maternité, que ce soit dans la volonté d’avoir des enfants, de la façon de les éduquer ou de prioriser votre carrière professionnelle ?
Les premiers mois ont été épuisants, probablement aussi liés à cause d’une alimentation mixte (allaitement et biberon). La pression que l’on subit à la maternité pour le premier né est démesurée. Tout le monde donne son avis sur absolument tout. Si je n’allaite pas, je suis une mauvaise mère, si j’allaite mais que je mange une olive, on me dit que je vais empoisonner mon bébé. C’est beaucoup de pression et de jugements.
Avez-vous l’impression d’avoir éduqué vos enfants de la même manière que vos parents vous ont-éduqué ?
Très probablement. J’espère en avoir pris tous les aspects positifs et avoir amélioré ce qui pouvait être amélioré
Pensez-vous que la femme moderne est toujours autant associée à la maternité malgré les évolutions qui existent ?
Oui de par sa nature même, même si les hommes ont de plus en plus de droits (congés paternité).
Quel est votre opinion sur l’avortement ?
Un droit que nous avons et que nous devons maintenir mais qui doit être encadré
Avez-vous l’impression de partager la même charge mentale que votre conjoint au quotidien ?
Non, surtout parce que les hommes la gèrent différemment.