Education à l'Italienne
En 2020, une étude de marché « Sorelle d’Italia » montrait que la femme moderne entre 25 et 40 ans rêvait majoritairement d’une vie calme. Lorsqu’on les interroge sur ce qui les rend les plus heureuses, 47% d’entre elles répondaient leur relation de couple, et 11% le fait d’être considérées comme de bonnes mères. Bon nombre d’entre elles ont fait des études supérieures, mais ne s’implantent pas toujours sur le marché du travail.

Un lien fusionnel
"L'enfer est pavé de bonnes intentions"
Lorsqu’elles deviennent mères, la plupart des femmes Italiennes se consacrent à leur rôle avec tant d’ardeur qu’elles finissent par oublier qu’elles sont capables de s’épanouir à travers d’autres passions que celle d’élever un enfant. Celui-ci offre un nouvel objectif de vie à sa mère, celui d’éduquer correctement un futur protagoniste de la société, en le faisant se sentir aimé et entouré. Cela se résulte malheureusement par une crise identitaire de la mère de famille lorsque des années plus tard, elle doit observer ses enfants quitter le cocon familial pour entamer leur vie d’adulte. La mamma alors délaissée, se cantonne à ce lien, souvent par peur de se consacrer de nouveau à ses propres envies, après des années à n’avoir vécu que pour les autres. C’est sans doute pour cette raison que les mères de famille Italiennes peuvent se montrer antipathiques envers leurs belles-filles. Ce cliché de la marâtre semble encore bien ancré en Italie où 40% des ruptures seraient liées à une mauvaise entente entre la nouvelle arrivante et la mère, très protectrice de son fils, qui a l’impression qu’on tente de la remplacer.
A l’inverse, le don de soi et le trop plein d’attentions que les mères donnent à leurs enfants, et plus particulièrement à leurs fils, peut les rendre incompétents et incapables de vivre par eux-mêmes. En voulant choyer leurs fils, les mères créaient alors une relation de codépendance, dans laquelle l’homme arrivé à la trentaine, vit encore chez sa mère. Bien sûr, il est possible d’envisager des raisons économiques difficiles lorsque l’on prend en compte les bas salaires des jeunes diplômés et la réalité du logement en Italie. Cependant, il n’est pas envisageable de nier que les raisons sont aussi personnelles, liées à un confort qu’il est difficile de quitter lorsque l’on n’a jamais appris à vivre sans lui.

LE MAMMISMO
Le « mammismo », décrit une relation étroite entre une mère et son enfant, dans laquelle la mère maintient une influence prépondérante sur la vie de l’enfant, ses choix et ses décisions, même à l’âge adulte.
Cette notion peut être perçue de manière positive, puisqu’elle représente dans la forme la proximité et l’amour au sein d’une famille. En revanche, dans le fond, elle crée une dépendance excessive de l’enfant envers sa mère et un manque accru d’autonomie. Le « mammismo » peut influencer divers aspects de la vie, y compris les relations amoureuses, professionnelles et sociales de l’individu concerné.
Ce qui rend la relation toxique, c’est le fait que la mère refuse de laisser évoluer son enfant de lui-même, par peur de ne plus se sentir utile, d’être délaissée, tandis que l’enfant profite d’être toujours traité comme un enfant, même arrivé à l’âge adulte, afin de ne jamais avoir à faire face à de nouvelles responsabilités.
LE MAMMONI
Le terme « mammoni » se manifeste alors au travers du « mammismo ». Il décrit des hommes adultes, généralement célibataires qui restent vivre chez leurs parents, en particulier avec leurs mères.
Ce phénomène est perçu comme une prolongation de la dépendance familiale au-delà de ce qui est considéré comme socialement normatif. Le terme de « mammoni » est souvent utilisé de manière humoristique, pour taquiner ces hommes en question, qui représentaient 70% des 18/35 ans en 2017, selon les statistiques avancées par l’ISTAT.
Il reste important de préciser que le « mammoni » peut être influencé par divers facteurs, tels que la tradition culturelle, les conditions économiques, les attentes familiales et les dynamiques sociales.
Pourquoi les filles ne sont pas concernées par le mammismo ?
En revanche, ces termes ne concernent pas les jeunes filles, qui, de manière générale, prennent leur indépendance avec beaucoup moins d’appréhension que les garçons. La raison principale est basée sur les traditions, qui ont la vie dure.
Cela s’établit probablement de manière inconsciente par les mères, mais la réalité est qu’il est très courant de responsabiliser sa fille très jeune, en la faisant participer aux tâches ménagères et en la traitant comme une adulte tandis que l’on continue de choyer le garçon comme un enfant qu’il faut protéger du monde extérieur.
Cela crée des femmes indépendantes et débrouillardes qui possèdent toujours cet instinct nourricier transmis par leur mère. Elles étudient et sont instruites, mais souhaitent toujours fonder une famille et créer à leur tour leur cocon. Elles ont tendance à infantiliser leur conjoint, à entretenir seules la maison, à cuisiner et s’occuper des enfants parce que c’est leur façon d’aimer, et le modèle qu’elle ont observé toute leur vie.
